Un travailleur retraité de la canne à sucre rapatrié quoique muni de sa carte de régularisation à Jimani/Malpasse
Louisade Louis, un ressortissant haïtien de 76 ans a été rapatrié au point frontalier de Jimani/Malpasse le 28 août 2017. Accueilli au bureau du GARR à Christ-Roi, dans la matinée du 14 septembre 2017, le migrant haïtien y est arrivé visiblement lassé. Il a déclaré avoir été reconduit en Haïti en dépit de la détention d’une carte de résidence. Ce document lui a été émis par les autorités migratoires dominicaines le 12 août 2015 dans le cadre du Plan National de Régularisation des Etrangers(PNRE).
Originaire de Jérémie, le ressortissant haïtien a indiqué avoir laissé Haïti pour aller s’établir en République Dominicaine en 1971. Il a perdu de vue sa fille unique, Marie Michelle Louis, qui vit à Jacmel depuis son installation à San Pedro de Macoris.
Le travailleur retraité de la canne à sucre dit avoir vécu et travaillé pendant 46 ans dans les bateys dominicains. Après avoir passé toutes ces années dans l’industrie de la canne sans aucune amélioration de ses conditions économiques, il a décidé de ne plus travailler dans ce secteur. Comme bien d’autres travailleurs retraités de la canne à sucre, il vivait seul à San Pedro de Macoris.
Le 31 juillet 2017, sous l’invitation des membres de l’Union des travailleurs de la canne à sucre (UTC), M. Louis allait participer à une marche pour exiger de l’Etat dominicain leurs cartes de résidence permanente et leur fonds de pension.
La foule avait été brutalement dispersée quand des agents de l’unité anti-émeute de la police dominicaine ont fait usage de gaz lacrymogène, de grenades et de balles. Plusieurs des manifestants étaient sortis avec des blessures graves dont un travailleur retraité de la canne à sucre âgé de 67 ans.
Depuis, cette catégorie de migrants devient la cible des agents de la migration dominicaine.
« Je me rendais à San Juan en quête du travail dans le domaine de l’agriculture quand deux agents de la migration m’ont arrêté. Ils m’ont conduit à Haina pour me reconduire le même jour à Malpasse.», a confié au GARR le septuagénaire rapatrié.
Le ressortissant haïtien a critiqué le laxisme des autorités haïtiennes qui, selon lui, avaient pris trop de temps pour doter les migrants haïtiens de documents d’identité, notamment leurs passeports dans le cadre du Programme d’Identification et de Documentation des Immigrants Haïtiens (PIDIH). Ce qui empêche à bon nombre de migrantes et migrants haïtiens inscrits au PNRE de finaliser le processus d’enregistrement, a-t-il regretté.
Par ailleurs, le travailleur retraité de la canne à sucre a condamné le comportement des autorités dominicaines qui l’ont expulsé de leur territoire sans lui verser son fonds de pension auquel il a droit après plus de 40 années de durs labeurs dans les champs de canne.
Face à cette situation, le GARR appelle les autorités haïtiennes à poursuivre les pourparlers binationaux tout en prenant en compte cette catégorie de migrants tant marginalisés par les autorités dominicaines. Ce qui permettra à tous les travailleurs retraités de la canne à sucre d’obtenir le versement de leur fonds de pension.
Il en profite pour exhorter le gouvernement haïtien à prendre en compte les conditions de rapatriements dans l’agenda binational tout en veillant à l’application stricte du Protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement paraphé par les deux Etats insulaires en décembre 1999.