Position du GARR par rapport aux négociations d’Haiti

Au moment où des négociations sont annoncées entre les autorités haïtiennes et dominicaines suite à la levée de bouclier pour condamner la décision de la Cour constitutionnelle dominicaine de dénationaliser des centaines de milliers de Dominicains/Dominicaines d’origine haïtienne, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) exprime ses plus vives préoccupations et appelle les autorités haïtiennes à la prudence.

 

Haïti et la République Dominicaine sont deux Etas indépendants d’une même île qui sont condamnés à vivre ensemble. De ce fait, il est indéniable que des rencontres se réalisent entre les autorités des deux pays autour de questions d’intérêts communs ou sur tout sujet pouvant entraver les relations de bon voisinage. Cependant, le GARR juge inconcevable que l’Etat haïtien s’engage à négocier avec ses homologues dominicains sur une violation grave de droits humains, dénoncés partout dans le monde et qualifié comme une forme de génocide civil que l’Etat dominicain est en train de commettre sur ses propres fils et filles.

 

 

La décision de l’Etat dominicain de violer les droits acquis de plusieurs milliers de citoyens et citoyennes en raison de leur origine haïtienne est une insulte inacceptable et condamnable qui ne peut faire l’objet d’aucune négociation. Il revient aux autorités dominicaines d’assumer leurs responsabilités, de tirer les conséquences de cette décision discriminatoire, raciste et xénophobe et de trouver les mécanismes pour l’annuler.

 

 

Le GARR croit qu’il est important que des négociations se réalisent entre Haïti et la République Dominicaine autour de la régularisation du statut des immigrants haïtiens vivant dans ce pays, sur les conditions de rapatriement qui se font souvent en violations flagrantes de tous les principes de droits humains, sur la gestion des marchés frontaliers, sur le commerce binational, etc. Cependant, il exhorte les autorités haïtiennes à ne pas transiger sur la question de la dénationalisation des Dominicains-nes d’ascendance haïtienne. L’état haïtien doit toujours garder sa position de condamnation sans réserve de cet acte et ne doit en aucun cas entrer dans le jeu d’un secteur radical de la classe politique Dominicaine pour le porter à prendre des décisions néfastes à l’intérêt du peuple haïtien et des victimes de la sentence 0168-13. Il faut éviter à tout prix de mélanger le dossier de la régularisation de la situation des immigrants-es haïtiens avec celui du dossier des personnes nées sur le sol dominicain, qui jouissent depuis au moins quatre générations de leurs documents d’identité, et qu’on veut aujourd’hui dépouiller de leur nationalité.

 

 

Le GARR en profite pour lancer un appel aux défenseurs des droits humains du monde entier à poursuivre la lutte pour porter l’Etat dominicain à annuler cette sentence discriminatoire et à respecter les droits de ces milliers de citoyens-nes dominicain – es.

 

Pour le GARR,

Jean Baptiste Azolin

Coordonnateur