Le GARR salue la démarche de redynamiser le dialogue binational

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) prend note des initiatives de reprendre le dialogue binational. Des pourparlers entre Haïti et la République Dominicaine ont été rompues depuis le mois de juin 2015. Il estime toutefois que ces différentes rencontres doivent se faire dans la transparence pour avoir la possibilité d’apprécier les avancées sur les thématiques cruciales qui se feront à travers les échanges diplomatiques entre les deux Etats.

Le Ministre Haïtien des Affaires Etrangères et des Cultes, Pierrot Délienne, a effectué une visite officielle en territoire voisin, le 13 avril 2016, sur invitation de son homologue dominicain, Andrés Navarro Garcia, lit-on dans un communiqué de presse rendu public le 14 avril par le ministère haïtien de la Communication.

Ces échanges empreints de courtoisie et de respect mutuel, décrit la note, ont porté notamment sur la reprise du dialogue haïtiano-dominicain, l’évolution et la mise en œuvre du Programme National de Régularisation des Etrangers, les relations commerciales entre la République d’Haïti et la République Dominicaine, l’état d’avancement des travaux de la Commission Mixte haïtiano-dominicaine et la situation des étudiants haïtiens en République voisine.

Le GARR croit que ces initiatives qui viennent de se relancer pourraient être une opportunité pour les deux Etats, en particulier celui d’Haïti si et seulement si son représentant reprenait avec tact les discussions là où elles ont été interrompues. Car, comme a été le cas dans le passé, les rencontres de chanceliers n’en manquent pas, mais un suivi concret des promesses des deux Etats voisins fait toujours défaut.

Tout en saluant le dévouement du Chancelier haïtien, le GARR tient à souligner de la nécessité de s’entourer des personnalités qui connaissent le dossier des relations haïtiano-dominicaines et qui sont prêtes à l’adresser dans l’intérêt du peuple haïtien et des milliers de migrants haïtiens qui vivent sur le territoire voisin.

Parallèlement, il convient d’attirer l’attention sur les opérations de rapatriements de ressortissant-e-s haïtiens à la frontière depuis la fin de l’enregistrement au PNRE. Des milliers de personnes traversent au quotidien les divers points frontaliers officiels et non officiels du pays dans des conditions précaires.

Le GARR constate que le Protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement paraphé le 2 décembre 1999 entre les deux gouvernements insulaires continue d’être violé de manière systématique. La séparation de famille et le non octroi de temps aux personnes rapatriées pour qu’elles puissent récupérer leurs biens en sont deux exemples flagrants. Ce qui est déjà un incitatif pour que les gens rapatriés retournent en République Dominicaine.

Les mineurs n’ont pas été non plus épargnés dans les vagues de rapatriement. De juin 2015 à mars 2016, 1226 enfants non accompagnés rapatriés à la frontière haïtiano-dominicaine ont été enregistrés.

Le GARR croit que les rencontres binationales doivent se dérouler autour des thématiques qui prennent en compte le développement de rapports harmonieux entre les deux peuples de l’île.

Il exhorte les autorités haïtiennes à placer au centre de leurs intérêts la documentation des migrants haïtiens en République Dominicaine et le contrôle du flux migratoire au niveau de la frontière. Il suggère que la régularisation des travailleurs migrants haïtiens, le commerce binational et la gestion des marchés binationaux figurent également dans l’agenda des prochaines rencontres binationales.