En mémoire de Guy Alexandre, mobilisons-nous contre l’idéologie raciste anti-haïtienne assumée par l’Etat dominicain
Ce 28 février 2015 ramène le départ inattendu du professeur Guy Alexandre, suite à des complications cardio-vasculaires. Cet homme fut un ardent défenseur de la cause des migrants-es haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine. En souvenir de ce combattant qui a consacré sa vie à dénoncer les violences criminelles générées par le secteur ultranationaliste dominicain, le GARR invite à la mobilisation pacifique pour contrer la campagne anti-haïtienne et encourager la paix sur l’Île.
L’ambassadeur Guy Alexandre, lors d’une intervention à l’occasion de la Journée Internationale des migrants, commémorée par le GARR en 2013
Photo : GARR
Guy Alexandre qui fut, à deux reprises, ambassadeur d’Haïti à Santo Domingo affichait continuellement sa profonde préoccupation par rapport à la remontée de l’anti-haïtianisme sur le territoire dominicain. Surtout, après le prononcé de la sentence TC 168/13, qu’il condamnait de toutes ses forces et qualifiait de « génocide civil ».
Cette sentence n’est pas le fruit du hasard, disait-il. Elle est manigancée par des adeptes du courant idéologique anti-haïtienne, s’accaparant des plus hautes sphères du pouvoir dominicain, notamment la Cour constitutionnelle dominicaine, la Direction générale de la migration, la Chancellerie dominicaine et les appareils médiatiques.
Un an à peine, depuis la mort subite de l’ambassadeur Alexandre, grand allié du GARR depuis des années, ses analyses pointues relatives aux différentes formes que prend l’idéologie raciste anti-haïtienne, distillée dans la société dominicaine, à travers les médias par « les ultranationalistes » restent très présentes. Les récents actes criminels ciblant la communauté migrante haïtienne en République Dominicaine le prouvent.
Ces agissements dont Guy Alexandre, le fin connaisseur des relations haïtiano-dominicaines avait l’habitude d’appeler: « syndrome d’Hatillo Palma » tire ses racines dans l’incident de mai 2005. On se rappelle qu’à cette date, le cadavre d’une Dominicaine de 32 ans avait été retrouvé au nord de la République Dominicaine, dans une zone appelée Hatillo Palma. Son mari et ses deux enfants avaient été aussi retrouvés avec de graves blessures. Sans faire d’enquête, des Dominicains ont attribué ces actes criminels aux ressortissants-es haïtiens. D’où le début de la chasse aux migrants-es haïtiens qui s’est répandue dans d’autres zones du territoire voisin, notamment à Haina, San Pedro de Marcoris et à Neiba.
Il convient de souligner que des actes de persécutions à l’encontre des migrants-es haïtiens en République Dominicaine commencent toujours par des incidents similaires
Selon le constat fait par différents sociologues dont des Dominicains, de 2005 à 2013, ces violences criminelles sont soutenues par des « ténors » du courant ultranationaliste installés dans différentes zones du territoire dominicain qui incitent des groupes de la population à la violence et à l’affrontement.
Ce courant extrémiste a fait plusieurs alliances avec des partis politiques dominicains très présents sur la scène politique depuis plusieurs années. Certains d’entre eux deviennent ses instruments, notamment la Force Nationale Progressiste (FNP) et le Parti Liberal Dominicain(PLD), dirigé actuellement par l’ancien président dominicain, Leonel Fernandez.
L’histoire, fidèle témoin des événements montre que ces alliances ne sont pas réalisées sans conséquences néfastes pour les deux peuples partageant l’Île.
Guy Alexandre, qui a été l’un des meilleurs avocats de l’amitié entre les peuples haïtien et dominicain, avait toujours rappelé la contribution, même au péril de leur vie, de différents groupes de Dominicains-nes, qui se faisaient appelés « Traidores a la patría » par les ultranationalistes.
Et aujourd’hui encore plusieurs autres courageux-ses et fervents-es militants-es de la recherche de la paix continuent de le faire.
En mémoire de l’ambassadeur Alexandre qui a dédié sa vie à promouvoir la solidarité et la paix entre Haïti et la République Dominicaine, le GARR invite tous ceux et celles concernés-es par cette même quête, à continuer cette lutte.