Des migrants haïtiens retournés à Cornillon/Grand-Bois par crainte de représailles
Environ une centaine de migrantes et migrants haïtiens sont retournés de manière spontanée au point frontalier non officiel de Savann Bonm/Cacica à Cornillon/Grand-Bois (Ouest), les 21 et 22 mars 2018. A l’origine, un Dominicain connu sous le nom de Palanga a été assassiné à Vicente Noble, une municipalité de la province dominicaine de Barahona, le 19 mars 2018. Ce meurtre a été attribué à Jacques Estimphil, un migrant haïtien qui travaillait avec lui.
Selon les témoignages de certains migrants accueillis par le GARR à Cornillon/Grand-Bois, le défunt était accompagné de son travailleur haïtien quand deux voleurs dominicains l’auraient contraint de leur remettre son arme avec laquelle ils lui ont tiré dessus.
Après avoir commis le crime, les meurtriers ont laissé l’arme auprès du Dominicain assassiné avant de s’enfuir.
L‘Haïtien qui croyait être innocent a appelé la police dominicaine pour la mettre au courant de l’assassinat de son patron. Arrivées sur les lieux du crime, les forces de l’ordre ont procédé à son arrestation, a rapporté un migrant haïtien qui aurait été témoin.
Dans un entretien avec le GARR, bon nombre des retournés spontanés ont dénoncé le comportement des militaires dominicains basés à Cacica, territoire dominicain voisin de Savann Bonm, qui leur auraient réclamé 150 pesos dominicains pour faciliter leur retour à Cornillon. Ceux qui n’ont pas été en mesure de verser cette somme se sont vu confisquer leurs objets.
Il convient de signaler que les actes de persécution à l’encontre des migrantes et migrants haïtiens qui vivent en République Dominicaine commencent toujours par de pareils incidents.
Une énumération non exhaustive des dates de ces actes de persécutions mettant en périls la vie et les biens de plusieurs centaines de migrantes et migrants haïtiens peut renforcer ces lignes : en 2005 à Hatillo Palma ; en 2008 à Neiba, en 2009 à Higuey ; en 2013 à Neiba et en 2015 à Moca.
Rappelons que depuis le début de l’année 2018, le GARR ne cesse d’alerter sur une série de cas de meurtres enregistrés à l’encontre de migrants haïtiens en République Dominicaine.
Il est temps de finir avec ces cas d’abus dont sont l’objet au quotidien les ressortissantes et ressortissants haïtiens en territoire dominicain.
N’est-il pas opportun que les représentants diplomatiques haïtiens exigent l’ouverture d’une enquête pour que la lumière soit faite autour de l’assassinat du ressortissant dominicain?