Le GARR plaide pour l’adoption d’une politique migratoire

L’ex responsable de la section de Communication et Plaidoyer du GARR,Mme Lisane André et le professeur Camille Chalmers, lors de leur intervention, le 18 décembre 2014

 

«Leta ayisyen, pran responsablite w pou dwa migran ayisyen yo ka respekte, L’Etat haïtien, prenez votre responsabilité pour que les droits des migrants-es haïtiens soient respectés.», c’est autour de ce thème que le GARR a commémoré, en ses locaux à Christ-Roi, la Journée internationale des migrants, le 18 décembre 2014. Conférences-débats et prestation culturelle, telles ont été entre autres les diverses activités réalisées pour marquer cette journée qui est célébrée chaque année pour honorer les migrants-es.

Au jardin du GARR, un public composé de représentants-es d’organisations partenaires, d’étudiants-es, de journalistes et de militants-es de droits humains était présent pour saluer le courage des migrants-es haïtiens qui sont aux environs de 3,5 millions dans le monde.

Intervenant en la circonstance, l’ex responsable de la section de Communication et Plaidoyer du GARR, Mme Lisane André, qui analysait les points marquants de la relation haïtiano-dominicaine, s’est montrée préoccupée par les violations de droits humains dont sont souvent victimes les migrants-es haïtiens en République voisine.

Mme André qui a rappelé qu’Haïti a énormément contribué au développement de la République Dominicaine, a souligné que l’Etat dominicain dans ses décisions anti-haïtianistes, a toujours banalisé cet apport.

« La dénationalisation des Dominicains/Dominicaines d’ascendance haïtienne à travers la sentence prononcée par la Cour constitutionnelle dominicaine en septembre 2013 le prouve.», a-t-elle déclaré.

La militante de droits humains s’est par ailleurs interrogée sur le comportement des autorités haïtiennes qui, selon elle, priorisent le commerce dans les discussions bilatérales au lieu de défendre les droits des milliers de migrants-es haïtiens qui sont bafoués au quotidien en République Dominicaine.

Le professeur Camille Chalmers qui intervenait sur les facteurs internes et externes de la migration haïtienne, a signalé que l’occupation américaine avait fait d’Haïti une fabrique de mains d’œuvre à bon marché. Il a rappelé que beaucoup d’Haïtiens avait préféré quitter le pays pour aller s’établir soit à Cuba ou en République Dominicaine en quête d’un mieux être.

L’économiste Chalmers a mis l’accent sur la production nationale qui ne répond pas aux besoins de la population haïtienne qui est obligée de se tourner vers l’extérieur. Il a critiqué le comportement des autorités haïtiennes qui, a-t-il dit, n’ont pas suivi les traces des Héros de l’indépendance d’Haïti, notamment Jean Jacques Dessalines qui avait une vision et un projet de société.

« La baisse de la production nationale a augmenté le taux de chômage qui a provoqué la migration d’Haïtiens en République Dominicaine.», a-t-il indiqué.

Le cas de « Personnes Dominicaines et Haïtiennes Expulsées versus la République Dominicaine» avait attiré l’attention de l’un des panélistes. Le directeur de programmes au GARR, Saint Pierre Beaubrun, a rappelé que le GARR avait beaucoup travaillé dans ce dossier communément appelé Tilde Mendez depuis le début jusqu’au prononcé de la sentence du 28 août 2014, de la Cour Interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH).

Me Beaubrun qui a relevé l’absurdité et le racisme qui ont marqué l’expulsion du territoire dominicain de ces 6 familles dominicaines d’origine haïtienne, s’est montré inquiet de l’augmentation des actes de violations de droits humains à l’encontre des migrants-es haïtiens en République Dominicaine.

« Vous vous imaginez être né d’un pays et les autorités de ce pays décident un bon matin de vous expatrier en raison de la couleur de votre peau.», s’est-il plaint.

Le juriste qui a plaidé pour le respect des droits des migrants-es haïtiens en territoire dominicain, s’est décerné un satisfecit par rapport au prononcé de la sentence de la CIDH qui condamne la République Dominicaine de violations de droits humains.

Pour sa part, le coordonnateur du GARR, Jean Baptiste Azolin a exhorté les autorités haïtiennes à doter le pays d’une politique migratoire en vue de protéger les droits des migrants-es haïtiens, notamment ceux et celles qui résident en République Dominicaine.

« L’Etat haïtien devrait doter le pays d’une politique migratoire qui puisse prendre en compte des prescrits des droits humains afin de protéger les migrants-es haïtiens. », a-t-il suggéré.

D’autres activités avaient aussi marqué cette initiative du GARR pour honorer les migrants-tes. Dans une prestation culturelle, des adolescents-es du Club Taïno, à travers une production théâtrale titrée ″le colonel″ ont lancé un message d’unité en vue de la paix et de l’harmonie entre les Haïtiens et les Dominicains.