Les autorités dominicaines n’ont pas baissé les bras avec les rapatriements au niveau de la frontière durant l’année 2018. 50942 personnes dont 49,783 rapatrié-e-s et 1159 retourné-e-s ont été recensés, par le GARR. Outre ces opérations, les migrantes et migrants haïtiens ont été l’objet de toutes sortes de violations notamment, meurtres,arrestations arbitraires, violences physiques et mauvais traitements. La liste devient de plus en plus longue.
Plusieurs cas de meurtres ont été enregistrés dès le début de l’année. Deux de ces cas ont été recensés en janvier 2018 suite à des altercations entre des travailleurs migrants haïtiens et des patrons dominicains pour refus de versement de salaires convenus pour un travail donné. Les autres cas d’assassinats se réfèrent à d’autres faits non élucidés.
Le cas de meurtres le plus récent est survenu en octobre 2018 où Wadner Petit Choutte, 25 ans, étudiant finissant en Médecine à l’Université Technologique de Santiago (UTESA), a trouvé la mort après avoir été atteint d’une balle à la tête en provenance d’une arme d’un policier dominicain.
Selon les informations recueillies, ce drame est arrivé lors d’une manifestation des chauffeurs de taxi-motos pour exiger aux autorités dominicaines la réduction du prix du carburant. Arrivant sur les lieux, l’un des policiers dominicains a tiré en l’air pour disperser la foule. C’est à ce moment que Wadner Petit Choutte a été touché du haut de son balcon dans sa maison.
D’un autre côté, le GARR estime que les événements de Las Mercedes (Pedernales) enregistrés entre février et mars 2018 ont laissé un goût amer au niveau des communautés haïtiennes installées dans cette province dominicaine avec de fâcheux rebondissement sur les échanges commerciaux entre Pedernales et Anse-à-Pitres. En effet, des centaines de migrantes et migrants haïtiens ont fui leurs maisons et leurs activités en laissant derrière eux leurs biens pour échapper à la fureur de civils dominicains voulant venger la mort d’un couple dominicain.
L’institution de défense et de protection des droits des migrants invite les autorités haïtiennes à prendre leurs responsabilités et à s’entendre avec leurs homologues dominicains afin de trouver une issue à ces conflits incessants.
Il les exhorte à demander à la République Dominicaine des comptes en ce qui concerne les assassinats dans des circonstances troublantes de plusieurs Haïtiens survenus sur le territoire dominicain durant l’année 2018.
Le GARR les invite aussi à dénoncer auprès des autorités dominicaines les discours haineux qui sont prêchés contre les Haïtiens et qui encouragent des actes de représailles contre cette communauté.
Haïti et la République Dominicaine sont deux pays qui se partagent une seule île et qui sont obligés de cohabiter. Ils ont la responsabilité de rechercher continuellement des stratégies pour rendre possible cette cohabitation.