1585 ressortissantes et ressortissants haïtiens rapatriés à Belladère au cours du mois d’août 2017
Des agents de la migration et des militaires dominicains ont rapatrié 1585 migrants haïtiens à la frontière de Carisal/Elias Piña, à Belladère, au cours du mois d’août 2017. Au nombre des rapatriés qui sont en majorité des hommes figurent 51 femmes, 72 garçonnets et 2 fillettes.
Plusieurs de ces personnes ont déclaré avoir été gardées pendant plus de 10 jours au centre carcéral de Haina avant d’être reconduites en Haïti. Elles ont subi divers cas d’abus lors de ces opérations de rapatriements. 10 rapatriés se sont vu confisquer leur argent et leurs téléphones portables.
La majorité de ces migrants haïtiens ont vécu plusieurs années en territoire dominicain notamment à San Juan, Santo Domingo, Azua et Higuey. Certains disent avoir été séparés de leur famille.
Tel est le cas de Joël, 43 ans, originaire de Ouanaminthe (Nord-est) qui vivait à Santo Domingo depuis 20 ans. Il a déclaré qu’il travaillait dans une plantation agricole dominicaine et y détenait aussi sa propre plantation.
Il a été rapatrié et contraint de laisser ses 3 enfants en République dominicaine, a-t-il confié au GARR.
Il a critiqué le comportement des militaires dominicains qui ne lui ont pas accordé de temps pour récupérer ses biens accumulés pendant de longues années de durs labeurs en République Dominicaine.
Le quadragénaire a dénoncé également des militaires dominicains qui auraient confisqué des téléphones portables et de l’argent des migrants avant de les reconduire à la frontière.
« J’ai été intercepté à Santo Domingo au moment où je devais rencontrer un ami. Deux militaires dominicains m’ont fait signe d’arrêter et m’ont intimé l’ordre de monter dans un bus qui avait déjà plusieurs autres ressortissants haïtiens. Nous avons été incarcérés pendant 14 jours à un centre de détention avant d’être expulsés du territoire dominicain.», a-t-il indiqué.
La situation n’est pas différente pour Hubert, 35 ans, qui a vécu 17 ans à San Juan. Il travaillait dans le domaine de la construction. Le ressortissant haïtien a été accueilli par le GARR à Belladère dans des conditions critiques.
Parallèlement, de nombreux Haïtiennes et Haïtiens résidant dans les zones frontalières qui ont l’habitude de bénéficier des soins médicaux dans des hôpitaux dominicains, se voient refuser l’accès depuis plusieurs jours, a appris le GARR auprès du Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS).
Une décision qui vient compliquer la situation des résidentes et résidents des zones frontalières notamment des femmes enceintes qui fréquentent les maternités des hôpitaux dominicains avant et pendant leur accouchement.
Soulignons que de juin 2015 au 17 août 2017, 218,610 migrants haïtiens ont été contraints de traverser la frontière. Parmi lesquels 128,483 retournés spontanés et 90,127 rapatriés ont été recensés.
Le GARR exhorte le gouvernement haïtien à travailler avec son homologue dominicain en vue d’octroyer du temps aux migrants haïtiens de récupérer leurs biens avant toutes les opérations de rapatriements comme l’exige d’ailleurs le protocole d’accord du 2 décembre 1999.
Il en profite pour plaider en faveur de la construction des centres hospitaliers dans les zones frontalières au bénéfice des Haïtiennes et Haïtiens qui y résident. Ce qui leur permettra d’avoir accès aux soins de santé sans avoir besoin d’aller se faire soigner en territoire dominicain.