Violation des droits des migrants haïtiens rapatriés : Les autorités dominicaines n’en démordent pas

 

236 ressortissants haïtiens dont 218 hommes, 4 fillettes, 6 garçonnets et 8 femmes ont été rapatriés du 8 au 10 mai 2017 au point frontalier de Carisal/Elias Piña. Ces migrantes et migrantes se sont plaints d’avoir été victimes de violation de droits humains avant d’être reconduits en Haïti. Agressions physiques, injures, confiscation d’argent et d’autres objets importants, lancement de gaz lacrymogène dans l’enceinte du centre de détention, tels ont été les divers cas d’abus dont ils disent avoir été l’objet.

Les autorités dominicaines n’ont pas épargné même des femmes allaitantes en compagnie de leurs bébés et des enfants en bas âge. Ces derniers ont été aussi appréhendés et incarcérés dans des conditions inhumaines avant d’être reconduits en Haïti.

Cinq (5) migrantes haïtiennes, Dédelène, Sodeleine, Louisana, Jocelaine et Hélène, toutes originaires du département du nord, notamment de la commune de Plaisance faisaient partie d’un groupe de 77 rapatriés. Elles ont été accueillies avec leurs enfants au bureau du GARR de Belladère le 8 mai 2017. Elles n’ont pas caché leurs déboires au moment de leur appréhension et de leur détention.

«J’ai été incarcérée pendant 2 nuits avec mon bébé de 6 mois sans avoir accès à la nourriture et à l’eau. En tant que mère allaitante, j’avais vraiment peur de le voir déshydrater. Franchement, je n’aurais jamais cru que les militaires dominicains nous auraient infligés un traitement si inhumain. », a déploré Dédelène, l’une des migrantes rapatriée.

La situation n’est pas trop différente pour Nathalie qui a été rapatriée le 9 mai 2017. Cette dernière s’est plainte d’avoir été victime d’abus de la part des militaires dominicains qui, selon elle, ont emporté son sac. Il contenait des objets importants dont des téléphones portables, des montres, des vêtements et une somme d’argent en dollar américain et en peso dominicain.

Par ailleurs, ces femmes rapatriées n’ont pas caché leur mécontentement du fait qu’elles ont été contraintes d’abandonner leurs effets personnels et d’autres membres de leur famille en République Dominicaine.

C’est le cas de Louisana qui a été rapatriée avec un enfant. Elle a laissé derrière elle deux autres enfants âgés respectivement de 6 et 8 ans. Louisana a exprimé ses inquiétudes face au devenir de ses enfants laissés en territoire voisin.

Les ressortissants haïtiens en ont profité pour dénoncer les mauvaises conditions de détention au centre carcéral de Haina, une ville de la province de San Cristobal, au Sud de la République voisine.

Wilner et Yvener qui faisaient partie d’un groupe de 85 migrants haïtiens rapatriés le 9 mai 2017 à Carisal, ont indiqué qu’ils ont été contraints de dormir à même le sol après avoir été battus avec une chaine par un militaire dominicain.

Ils ont souligné par ailleurs avoir failli perdre la vie quand un soldat dominicain aurait jeté du gaz lacrymogène dans le centre où se trouvaient des dizaines de migrants.

Tout en plaidant en faveur du respect du Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriement paraphé en 1999 par les deux Etats insulaires, le GARR appelle les autorités haïtiennes à exiger de l’Etat dominicain le respect des droits des migrantes et migrants haïtiens.

Il exhorte le gouvernement haïtien à poursuivre les pourparlers déjà entrepris par la Commission mixte bilatérale tout en accordant la priorité à la situation des migrantes et migrants haïtiens dont les droits sont violés au quotidien en République Dominicaine.